Poursuivre notre route sans notre mère
Si les deuils sont en général bouleversants, la douleur se fait encore plus vive quand c’est notre mère qui nous quitte. La mort de celle qui nous a bercés et qui nous a soignés laisse alors un vide aussi important que sa présence d’antan.
Notre mère est au centre de nos vies pendant très longtemps. Même devenus adultes, nous restons attachés à celle qui nous a mis au monde. Ces liens sont particuliers et laissent des traces au-delà de la mort. Le besoin de parler d’elle, d’évoquer les souvenirs et de valider ses sentiments prendra la couleur du lien qui nous unissait à elle.
Quelle que fût notre relation avec notre mère, le chagrin et les larmes font partie du deuil et la peine ressentie (tout comme la colère, la frustration ou la culpabilité), est légitime et saine.
Garder un souvenir
Après les funérailles, on peut convenir d’une réunion pour distribuer les objets personnels ayant appartenu à notre mère, un rituel très important dans le déroulement du deuil. Cette réunion de famille permettra à chacun de raconter ses souvenirs, de partager des confidences et d’échanger avec les autres sur les sentiments qui nous habitent.
Suzanne Pinard, auteure de De l'autre côté des larmes - Guide pour une traversée consciente du deuil, conseille à chaque membre de la famille de choisir un objet significatif pour eux : « Ça peut être aussi banal qu’une paire de pantoufles ou un vieux châle! L’important étant la représentation émotive de l’objet pour la personne qui le choisit. »
Reprendre le flambeau ?
L’une des façons de son souvenir bien vivant est de perpétuer ses petites habitudes et les traditions qui étaient les siennes. Par exemple, cuisiner le sucre à la crème ou les recettes des Fêtes qui nous gardaient le ventre et le cœur chaud. Et même s’il est vrai que ça ne sera jamais tout à fait la même chose sans maman, ces occasions de lui rendre hommage peuvent être riches d’apaisement.
Pour que les traditions familiales demeurent, quelqu’un devra reprendre le rôle de rassembleur, souvent dévolu aux mères de famille. Car elles sont souvent au cœur des fêtes familiales et des rassemblements de la famille élargie. Elles pensent à souligner les anniversaires par une carte, un cadeau ou un repas et donne des nouvelles des uns aux autres. Et c’est vers elles que se tournent les membres de la famille quand le besoin se fait sentir.
Si personne ne reprend le flambeau, le départ de la mère peut alors représenter la fin des réunions de famille, affirme Suzanne Pinard : « Il y a des familles qu’on imagine tricotées serrées et pourtant, quand survient le décès de la mère, la famille éclate parce que c’est elle qui assurait le lien entre tous ces gens. » Chacun des enfants aura alors tendance à se replier sur son propre clan, qui créera alors ses propres traditions, inspirées - ou pas - du modèle maternel.
Le cycle de la vie
Même si on est adulte et orphelin, on restera toujours l’enfant de notre maman. En perdant notre mère, on perd une partie de nous. Il est normal que la mort de celle qui nous a donné naissance nous confronte et nous fasse réfléchir à notre propre mortalité. Nos repères et nos certitudes sont ébranlés. Pour plusieurs, c’est l’origine d’une remise en question profonde de leur vie.
Ainsi, si la relation que l’on avait avec notre mère était positive et gratifiante, son départ est alors ressenti comme un vide difficile à combler et le deuil est vécu intensément. Une consultation auprès d’un spécialiste pourrait dans certains cas être souhaitable.
À l’inverse, si la relation avec notre mère était malaisée, son décès peut représenter une forme de libération puisque son départ signifie la fin de l’emprise maternelle et l’occasion de tourner la page sur un passé douloureux.
Cette étape est l’occasion de faire le point sur le chemin parcouru, en laissant dernière nous la main de celle qui nous l’a tenue si souvent.
Quelques livres qui peuvent aider
De l'autre côté des larmes - Guide pour une traversée consciente du deuil, Suzanne Pinard, 2e édition, éditions de Mortagne, 2005.
Surmonter l'épreuve du deuil, Roger Regnier, Line Saint-Pierre, 4e édition, Québécor, 2007.
Surmonter le deuil de ses parents, Alexander Levy, Intereditions, 2001.
Réinventez vos cérémonies, fêtes et rituels!, Chantal Dauray, Stanké, 2004.
Cette année s'envole ma jeunesse, Jean-François Beauchemin, Québec Amérique, 2009.
Ressources
Ordre des psychologues du Québec
http://www.ordrepsy.qc.ca/
Société québécoise des psychothérapeutes professionnels
https://psychotherapeutesquebec.ca/
La maison Monbourquette
http://www.maisonmonbourquette.com/
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